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CROQUIS DU VICE

avaient peuplé son imagination des héros amoureux de Dumas, Méry, Karr et Féval. Mais ces auteurs favoris, vite délaissés pour d’autres qui font rosir les joues et briller les yeux, avaient exalté, en elle, une soif d’amour que ne pouvaient tempérer les exhortations de son confesseur.

Romanesque avec les romantiques, elle était devenue sensationnelle avec Zola, hérétique avec Mendès. Plus tard, quelques traductions de romans espagnols excitèrent son imaginatif cerveau. L’Espagnol jaloux, farouche, lui apparut comme le vrai seul amoureux, non à la manière des Lauzun, des Marmontel, des Chamfort, mais comme Abélard avant la lettre, comme les amants que devaient aimer Jehanne de Baulx, Briande d’Argoult ou Rixende de Puyrard, très impudiques dames de Provence qui ne voyaient dans les prémices que l’apéritif d’un pantagruélique repas.

Et dans ses rêves de fillette qui ne connaît rien mais croit tout savoir, elle avait la vision de combats homériques où sombrait