Page:Brandimbourg - Croquis du vice, 1897.djvu/122

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
114
CROQUIS DU VICE

puis s’il n’paye pas, j’me payerai sur ta peau ! ta sale peau !

— Ce n’est pas de ma faute ; il m’a dit qu’il me donnerait trois louis à la fin du mois… je ne pouvais rien dire, c’était un sénateur.

— Un sénateur !

— Oui, un homme chic qui est au Sénat, même qu’il ne pouvait pas rentrer chez lui prendre de l’argent parce que sa femme croyait qu’il était occupé à voter la loi sur le Panama.

— Panama ! as-tu fini… j’les connais ces sénateurs-là ; un sénateur qu’éteint les becs de gaz à la sortie, comme moi quand j’étais à l’Opéra… Faut-il se donner du mal pour éduquer une oie comme toi, et que tu sois encore aussi dinde !… Allons ! lève-toi.

— Mais il n’est que trois heures.

— Lève-toi, j’te dis… tu vas aller chez ce vieux-là ; il m’a donné sa carte hier, après t’avoir attendue à la sortie d’Élysée… j’y ai dit que tu étais ma frangine et que tu faisais le truc pour nourrir ma mère qu’est amputée de tous ses pieds : il a l’air d’une bonne