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LES OISEAUX DE PROIE

« — Je vous demande pardon, mon nom est Anthony.

« — J’avais entendu dire que M. Anthony Sparsfield était une personne beaucoup plus âgée.

« — Oh ! vous voulez sans doute parler de mon père, répliqua-t-il : mon père est vieux et ne s’occupe plus guère des affaires maintenant ; non que sa tête ne soit toujours aussi bonne. Il y a même d’anciens clients qui préfèrent le voir lorsqu’ils viennent faire leurs commandes.

« Cela était de bon augure. Je dis à M. Sparsfield que je n’étais pas un client et lui exposai la nature de mon affaire. Je le trouvai aussi bien disposé que M. Grewter avait été désobligeant.

« — Mon père et moi sommes des gens taillés sur le vieux patron, dit-il, qui ne tenons pas à paraître au-dessus de notre état, comme le font aujourd’hui beaucoup d’autres commerçants. Le vieux gentleman prend son thé en ce moment dans le parloir, au premier, et si cela ne vous dérange pas de monter près de lui, je suis sûr qu’il se fera un plaisir de vous donner tous les renseignements qu’il pourra. Il aime beaucoup à parler du passé. »

« C’était bien là le type du vieil habitant que j’avais besoin de rencontrer, un type bien différent de M. Grewter, qui apportait dans ses réponses à mes questions autant de parcimonie que s’il eût fallu me donner à chaque fois une banknote de cinq livres.

« Je fus conduit à un joli salon, au premier étage, dans lequel flambait un gai foyer et où l’on aspirait une agréable odeur de thé et de pain grillé. L’on m’invita à prendre une tasse de thé, et, voyant qu’en acceptant je serais considéré comme un homme aimable, j’acceptai. Le thé était très-chaud, mais très-faible et très-doux ;