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LES OISEAUX DE PROIE

« Je m’excusai autant que possible de mon importunité ; mais cela ne put apaiser l’enragé Grewter.

« — Votre meilleure excuse sera de ne plus la renouveler, répliqua-t-il. Ceux qui connaissent mes habitudes savent que je suis dans l’usage de faire un somme d’une demi-heure après mon dîner. Cela est nécessaire à ma santé, sans cela je ne le ferais pas. S’il ne s’était pas trouvé que j’aie un nouveau garçon de magasin, vous ne m’auriez pas dérangé deux après-midi de suite.

« Jugeant qu’il était impossible d’apaiser M. Grewter, je le quittai pour aller chercher un esprit plus pacifique dans la personne de M. Anthony Sparsfield, sculpteur en bois et doreur, à Barbican.

« Je trouvai facilement l’établissement de Sparsfield et fils, sculpteurs-doreurs. C’était une sombre boutique basse, sur les croisées de laquelle étaient exhibés plusieurs cadres entourés d’ornements sculptés très-avantageux pour les mouches et une peinture à l’huile dans le mystérieux style de Rembrandt. L’air de vétusté qui caractérisait presque toutes les boutiques du voisinage était particulièrement apparent dans l’établissement de Sparsfield.

« Dans la boutique, je trouvai un homme d’une quarantaine d’années, à la figure douce, qui causait avec une pratique. J’attendis patiemment que cette pratique eût terminé une minutieuse description du cadre qu’elle désirait pour placer une série d’épreuves avant la lettre de gravures d’après Landseer. Puis, lorsque la pratique fut partie, je demandai à l’homme à la figure douce si je pouvais voir M. Sparsfield.

« — C’est moi qui suis M. Sparfield, répliqua-t-il poliment.

« — Vous n’êtes pas M. Anthony Sparsfield ?