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LES OISEAUX DE PROIE

tait hier. Elle avait une robe blanche et un spencer de soie verte… oui… et je n’ai épousé ma première femme qu’en 1814, mais quant à vous dire précisément à quel moment Mlle Meynell a quitté Aldergate Street, je ne le peux pas. »

« Ces réminiscences du passé, si peu importantes qu’elles fussent, semblèrent exercer une influence émolliente sur l’esprit du grand vieillard, dont les regards devinrent moins soupçonneux en même temps qu’il sembla disposé à m’aider dans mes recherches dans la mesure où il le pourrait.

« — Le père de Christian Meynell ne s’appelait-il pas William ? demandai-je après avoir pris quelques notes sur mon carnet.

« — Quant à cela, je ne puis vous le dire. Si Christian Meynell était encore vivant, il ne serait pas, il est vrai, de dix ans plus vieux que moi ; mais je n’étais qu’un petit garçon lorsque son père est mort. Il doit y avoir dans son ancien magasin de vieux livres sur lesquels son nom doit être inscrit, s’ils n’ont pas été détruits.

« Je pris la résolution d’aller m’informer au magasin de tapis, n’espérant qu’à moitié y trouver les livres d’une époque depuis laquelle près d’un siècle s’était écoulé. Je hasardai une autre question.

« — Sauriez-vous si Christian Meynell était fils unique ou le seul fils qui fût arrivé à l’âge d’homme ? lui demandai-je.

« Mon vieux camarade secoua la tête.

« — Christian Meynell n’a jamais eu aucun frère, autant que j’ai pu le savoir, dit-il ; mais les registres de la paroisse vous renseigneront à ce sujet, si, comme je le pense, le père de Christian a passé toute sa vie dans Aldergate Street. »