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LES OISEAUX DE PROIE

elle est morte sans se marier, à ce que j’ai entendu dire ?

« — Savez-vous qui la jeune sœur a épousé ?

« — Non ; elle ne s’est pas mariée à Londres. Elle était allée dans l’intérieur du pays rendre visite à quelques amis… C’est là qu’elle s’est mariée et établie… je ne sais à quel endroit… je n’ai jamais entendu dire qu’elle fût revenue à Londres. La fabrique de tapis a été vendue aussitôt après la mort de Samuel Meynell. Les acquéreurs ont conservé le nom pendant près de vingt ans : « Taylor, successeur de Meynell, maison fondée en 1693, » comme l’annonçait son enseigne placée au-dessus des fenêtres. Le nom de Meynell a été supprimé depuis. Les anciens noms s’oublient, comme bien vous pensez, et il est inutile de les conserver quand ils sont oubliés. »

« Oui, les vieux noms s’oublient, le souvenir des morts s’efface. Le roman de Matthieu semblait être arrivé à une boiteuse et impuissante conclusion, avec ce récit de l’histoire de la fabrique de tapis.

« — Vous ne pourriez pas vous rappeler dans quelle partie de l’Angleterre était allée la fille de Christian ?

« — Non ; je n’y ai pas pris grand intérêt. Je ne crois pas avoir parlé trois fois dans ma vie à cette jeune fille, bien qu’elle demeurât dans la même rue et que son frère et moi eussions souvent occasion de nous rencontrer à une taverne où l’on parlait beaucoup, à cette époque, de l’Empereur Napoléon et de la guerre.

« — N’avez-vous aucune idée de l’époque à laquelle elle s’est mariée ? lui dis-je.

« — Je ne me rappelle pas exactement l’année. C’était après mon mariage, car je me souviens que ma femme et moi étions assis à notre fenêtre, le soir d’un dimanche d’été, et nous avons vu la sœur de Samuel Meynell qui se rendait à l’église. Je me le rappelle comme si c’é-