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LES OISEAUX DE PROIE

« — À quel propos apportez-vous la carte de M. Sheldon ? Je connais M. Sheldon, de Gray’s Inn.

« — Alors, je suis sûr que vous le connaissez comme un homme très-accommodant.

« — Le diable soit de lui ! il m’a presque mis en faillite. Ainsi vous êtes le clerc de M. Sheldon et vous désirez voir notre patron. Vous ne prétendez pas dire certainement que la maison Grewter…

« Cela fut dit sur un ton de frayeur. Je me hâtai de rassurer le commis du papetier.

« — Je ne crois pas que M. Sheldon ait de sa vie vu M. Grewter, dis-je.

« Ceci dit, le commis eut la condescendance d’aller porter mon message dans les parages inconnus situés derrière le magasin. Je commençai à penser que la carte de Sheldon n’était pas la meilleure lettre d’introduction possible.

« Le commis revint presque aussitôt suivi par un homme de haute taille, à barbe blanche, avec une figure franche et une paire d’yeux gris au regard pénétrant, un très-beau spécimen d’octogénaire.

« Il me demanda ce que je désirais d’un air tellement soupçonneux que je dus faire connaître sans circonlocution ce qui m’amenait. Étant maintenant à une plus grande distance du Révérend ab intestat John Haygarth, le secret n’était plus aussi nécessaire. J’informai mon octogénaire que je poursuivais une investigation juridique relativement à un ancien habitant de la rue, et que j’avais pris la liberté de m’adresser à lui dans l’espoir qu’il pourrait peut-être me fournir quelques renseignements.

« Il me regarda tout le temps, comme s’il avait la pensée que je venais lui demander de l’argent. Je dois