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LES OISEAUX DE PROIE

de remarquer l’étonnement de celui-ci au moment où il s’aperçut de la confusion qu’il avait faite des deux personnages. Sheldon traversa la rue, sauta dans le cab, et dit au cocher :

« Au Cabinet littéraire de Burton Street aussi vite que possible !… Je vais examiner les annonces du Times, se dit-il à lui-même. C’est une chance. Si l’affaire de George est ce que je présume, je dois trouver là quelque indication. »

Il prit dans sa poche un petit agenda oblong et se mit à parcourir les notes de la semaine précédente. Il trouva celle-ci au crayon parmi d’autres à l’encre :

Haygarth, intestat. G. S. Voir ce que c’est.

« C’est cela ! s’exclama-t-il. Haygarth… intestat. Valentin, non à Dorking, mais travaillant pour mon frère. — Goodge. — Lettres à acheter. — Cela ressemble à ces mosaïques que l’on trouve dans les vieux monuments ; quelques tas de pierres qui ont l’air de débris et avec lesquelles on compose néanmoins des figures parfaitement géométriques. Je vais parcourir le Times au cabinet littéraire, et s’il y est fait mention du Haygarth, je saurai bien le découvrir. »

Le cabinet littéraire de Burton Street était un temple quelque peu sombre, voué aux sciences et aux lettres. Il était voisin, porte à porte, d’un établissement de bains, très-fréquenté par les citoyens de Bloomsbury. Souvent des gens qui venaient se baigner montaient l’escalier de la salle de lecture au lieu de descendre dans le sous-sol où se trouvaient les bains. Sheldon avait été un des visiteurs assidus et des bains et du cabinet littéraire ; il était assez connu du directeur pour pouvoir entrer et sortir sans être questionné et user librement de la salle de lecture. Il y entra donc, et ayant demandé