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LES OISEAUX DE PROIE

Vous ne saviez pas que votre père était là, Diana, ma chère ? Il est arrivé avec M. Sheldon, il y a une heure.

— Je ne veux pas déranger M. Sheldon, dit Valentin, je reviendrai bientôt. »

Il prit de nouveau congé des deux dames et sortit. Il avait à peine quitté le salon qu’il passait devant la porte de la bibliothèque : cette porte se trouva ouverte, ce qui lui permit d’entendre la voix de Philippe qui disait :

« … vos soins en ce qui regarde le nom de Meynell. »

Ce n’était que la fin d’une phrase ; mais ce nom sonna immédiatement à l’oreille de Valentin comme un avertissement.

« Meynell ! Est-ce seulement une coïncidence ou Paget est-il sur nos traces ? » pensa-t-il en lui-même.

Et alors il se demanda si ses oreilles ne l’avaient pas trompé ; si le nom de Meynell, qu’il avait cru entendre n’était pas simplement un nom pareil à celui qui l’intéressait si fort.

C’était le capitaine qui avait ouvert la porte. Il sortit dans le vestibule et reconnut son protégé. Ils quittèrent la maison ensemble et le capitaine fut plus gracieux que jamais.

« Nous dînerons ensemble, Valentin, » dit-il.

Mais, à sa grande surprise, Haukehurst n’accepta pas.

« Je suis épuisé de fatigue, dit-il, et vous ferais une triste compagnie. Veuillez m’excuser. Je vais retourner à la maison et me contenterai d’une côtelette. »

Le capitaine le regarda avec ébahissement : il ne pouvait comprendre qu’un homme refusât de bien dîner.

Valentin avait depuis quelque temps des préventions nouvelles : il ne se souciait plus de l’hospitalité de