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LES OISEAUX DE PROIE

— Je ne puis vous en dire la raison. Tout ce que je sais, c’est qu’ils ne viendront pas. Et vous, pouvez-vous espérer qu’il puisse résulter rien de bon de votre amour pour Charlotte, vous qui connaissez M. Sheldon ?

— Je suis disposé à tout espérer.

— Vous pourriez espérer que M. Sheldon donnera sa belle-fille à un homme pauvre ?

— Je puis ne pas être toujours aussi pauvre. D’ailleurs, M. Sheldon n’a sur Charlotte aucune autorité positive.

— Il a sur elle une influence morale, et elle est très-docile à influencer.

— Même en dépit de M. Sheldon, je veux espérer. N’essayez pas, Diana, d’arracher une faible fleur qui a poussé dans un terrain désert. Elle est pour moi la fleur du prisonnier. »

Mme Sheldon entra. Elle fut très-cordiale, très-éloquente, au sujet de son mal de tête, et néanmoins, malgré cela, elle se montra très-disposée à aller au théâtre, dès qu’elle eut entendu dire que Haukehurst était assez aimable pour lui apporter une loge.

« Diana et moi pourrons y aller, dit-elle, si nous pouvons être prêtes après notre dîner de six heures. M. Sheldon n’aime pas le théâtre. Toutes les pièces l’ennuient. Il prétend qu’elles sont uniformément stupides. Mais vous comprenez, lorsqu’on a toujours l’esprit préoccupé les meilleures pièces doivent paraître médiocres, ajouta, Mme Sheldon, d’un air entendu et grave, et mon mari est si souvent préoccupé. »

On bavarda encore un peu théâtre et Haukehurst se leva pour se retirer.

« N’attendrez-vous pas M. Sheldon ? demanda Georgina, il est dans la bibliothèque avec le capitaine Paget.