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LES OISEAUX DE PROIE

en moi, comme je l’ai en vous. Est-on bon pour vous ici ? Charlotte l’est assurément, mais les autres… M. et Mme Sheldon ?

— Ils sont excellents. M. Sheldon n’est pas démonstratif, comme vous savez ; mais je ne suis pas accoutumée à voir des figures ravies. Il est meilleur pour moi que mon père ne l’a jamais été, et je ne vois pas comment je pourrais demander plus. Mme Sheldon est extrêmement bonne pour moi à sa manière… vous la connaissez, vous savez ce que cela peut être.

— Et Charlotte ?

— Vous avez vous-même répondu pour Charlotte tout à l’heure. Qui, elle est très-charmante pour moi, beaucoup plus que je ne le mérite ; j’allais presque dire que je ne le désire.

— Et pourquoi donc pourriez-vous ne pas désirer ou mériter l’affection qu’elle a pour vous ?

— Parce que je ne suis pas une personne aimable. Je ne suis pas sympathique. Je sais que Charlotte est très-séduisante ; mais quelquefois sa séduction me pèse. Il faut croire que l’atmosphère de l’affreux séjour où j’ai passé mon enfance m’a aigri le caractère.

— Non, Diana ; vous avez seulement appris à parler plus aigrement. Je connais votre cœur, il est noble et franc. Combien de fois ne vous ai-je pas vue réprimer votre indignation, révoltée par les ignominies de votre père ! Nos existences à l’un et à l’autre ont été fort dures, mais nous pourrons avoir des jours meilleurs. J’espère et je veux croire que nous en aurons.

— Ils ne viendront jamais pour moi.

— Vous dites cela comme si vous étiez convaincue. Et pourquoi donc ne viendrait-il pas pour vous de plus brillants, de meilleurs jours ?