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LES OISEAUX DE PROIE

au concert. D’ailleurs, Mlle Halliday peut désirer y aller, et elle n’aura pas de peine à décider sa maman. Qui aurait-elle de la peine à décider ? ajouta en lui-même Haukehurst.

Mlle Halliday n’est pas à Londres, » répliqua froidement Diana.

Il sembla au jeune homme que son cœur était tout à coup devenu pesant comme du plomb.

« Quelle folie ! pensa-t-il, d’être ainsi vaincu par cette belle enchanteresse, moi qui, jusqu’alors, m’étais considéré comme à l’abri de toute émotion… Elle n’est pas à Londres ! répéta-t-il, sans chercher à cacher son désappointement.

— Non, elle est allée rendre visite à des parents dans le comté d’York. Elle a des parents, elle. Cela doit nous paraître étrange, à vous et à moi. »

Valentin ne parut pas s’émouvoir de cette réflexion triste et cynique.

« Et elle sera longtemps absente, je présume ? dit-il.

— Je n’ai aucune idée du temps que son absence pourra durer. Il paraît qu’on l’idolâtre là-bas. Vous savez que c’est son privilège d’être idolâtrée, et il est assez probable qu’on la gardera le plus longtemps possible. Vous paraissez désappointé de ne pas la rencontrer.

— Je suis très-désappointé, en effets répondit franchement Valentin, c’est une aimable fille. »

Ces paroles furent suivies d’un silence pendant lequel les doigts habiles de Mlle Paget reprirent leur travail.

Elle piquait l’un après l’autre, avec la pointe de son aiguille, de petits grains de verre de toutes couleurs qu’elle fixait ensuite sur un canevas placé devant elle, sur un métier à broder. Cela exigeait autant de soin