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LES OISEAUX DE PROIE

George considéra son collaborateur avec admiration.

« J’ai eu le privilège de rencontrer dans ma vie beaucoup d’hommes froids, M. Haukehurst, dit-il, mais vous êtes assurément le plus froid de tous… mais il ne s’agit pas de tout cela. J’ai trouvé la preuve certaine du mariage de Matthieu, et je considère l’héritage comme aussi assuré pour nous que si nous le tenions.

— Ah ! les oiseaux qui s’ébattent dans les bois peuvent avoir un fort beau plumage, mais je leur préférerais un pauvre moineau que je tiendrais dans mes mains. Je n’en suis pas moins fort aise de voir que nos affaires marchent bien. Comment donc avez-vous découvert la trace de ce mariage ?

— Ce n’est pas sans un rude travail, je vous assure. En fait, mon idée d’un mariage secret n’était qu’une hypothèse possible, et j’osais à peine me flatter de l’espoir qu’elle pût se trouver fondée. Mon idée était basée sur deux ou trois faits. D’abord, le caractère du jeune homme, sa longue résidence à Londres, hors de la surveillance de ses respectables parents et amis ; puis, l’état extraordinaire de la législation sur les mariages au temps où notre homme vivait.

— C’étaient là certainement des considérations sérieuses.

— C’est ce que j’ai pensé. Avant votre départ pour Ullerton, je m’étais imposé la tâche de rechercher toutes les aventures de mariages de Mayfair et de Gretna Green, et d’examiner à fond tout ce qui s’y rapportait. Je suis entré en relations intimes avec les œuvres du Révérend Alexandre Keyth, de Mayfair, qui avait mis en vogue les mariages clandestins, celles du Docteur Geynham, agréablement surnommé l’Évêque de l’Enfer et de plu-