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LES OISEAUX DE PROIE

tasse de Valentin, et le liquide tomba moins pur. Valentin, du reste, n’y vit rien.

« Goûtez donc à ces saucisses, dit le capitaine en attaquant son second œuf après avoir coupé sur le pain une longue tranche de croûte et en poussant la mie du côté de son protégé.

— Non, je vous remercie ; elles ont un petit air de rossignol qui n’a rien S’engageant, et puis elles empestent l’ail.

— Votre goût est devenu bien délicat ! dit le capitaine. Nous allons donc voir des femmes ce matin, mon gaillard ?

— Il n’y a pas beaucoup de femmes sur ma liste de visites. Ah ! à ce propos comment va Diana ?… l’avez-vous vue récemment ?…

— Non, répondit aussitôt le capitaine, il y a seulement un jour ou deux que je suis revenu de ma tournée en province, et je n’ai pas eu assez de temps à perdre pour aller la voir. Elle va bien, je n’en doute pas ; elle est aussi bien qu’elle puisse être dans la maison de Sheldon, et doit s’en trouver fort satisfaite. »

Après qu’il eut achevé la lecture de son journal, le capitaine se leva et endossa son pardessus ; il ajusta son chapeau devant la glace de la cheminée, puis arrangea ses favoris avec l’attention excessive qu’il apportait dans l’accomplissement de tous les petits soins qu’il devait à sa respectable personne.

« Et que comptez-vous devenir aujourd’hui, Valentin ? demanda-t-il au jeune homme, qui restait mélancoliquement assis devant le feu en se caressant les genoux.

— Je n’en sais trop rien, répondit hypocritement Haukehurst. Je crois que j’irai jusqu’à Gray’s Inn pour dire bonjour à George.