Page:Braddon - Les Oiseaux de proie, 1874, tome II.djvu/63

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
59
LES OISEAUX DE PROIE

« J’avais été traité de jeune homme par le révérend Jonas, maintenant j’étais qualifié de vil salarié par Mlle Judson. Je trouvais cela raide. Je n’aurais pu dire lequel des deux m’était le plus désagréable, et je commençais à penser que la nourriture et le logement dans le présent et une fantastique apparition de trois mille livres dans l’avenir compensaient pleinement les ignominieuses avanies qu’il me fallait subir.

« Je revins à mon auberge complètement brisé, tellement que l’influence la plus abrutissante de la grippe n’aurait pu me faire descendre plus bas. J’écrivis un bref et succinct récit de mes démarches que j’envoyai à George, après quoi je m’affaissai sur ma chaise, malade, désespéré, non moins humilié qu’Ajax lorsqu’il s’aperçut qu’il avait taillé en pièces un troupeau de moutons en le prenant pour des Grecs ; aussi misérable que Job sur son fumier, mais, je suis heureux de le dire, à l’abri des cris des compagnons de l’un et des amis de l’autre. Sous ce rapport, du moins, j’avais quelque avantage sur tous les deux.

« 13 octobre. — La poste de ce matin m’a apporté une courte lettre de Sheldon.

« Revenez immédiatement. J’ai trouvé le registre qui contient la mention du mariage de Matthieu Haygarth. »

« Sur ce, j’ai planté là Ullerton, avec une explosion d’ivresse que nul langage humain ne saurait rendre ; ce qui fait que je n’y essaie même pas. »