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LES OISEAUX DE PROIE

que je considérais ce manque de mémoire comme tout à fait inexplicable. Le garçon ne fit qu’en rire avec cette insolence dont use tout garçon d’hôtel bien élevé envers un voyageur qui ne paie que vingt shillings par semaine, nourriture et logement compris.

« Selon lui le paquet avait été remis à un parfait messager. Cela ne pouvait même pas faire question. Si c’était au garçon d’écurie ou à l’un des autres garçons de l’hôtel, ou bien à une fille de cuisine qui faisait quelquefois les commissions, le garçon ne pouvait prendre sur lui d’en jurer, étant homme à préférer la mort au parjure. Quant à croire que mon paquet avait été ouvert, cela était ridicule. Que pouvait-il y avoir à voler dans une feuille de papier ? Y avait-il de l’argent dans le paquet ? Je fus obligé de reconnaître qu’il n’y avait pas d’argent ; sur quoi le garçon se mit à rire formidablement.

« Ne pouvant rien apprendre de ce côté, je m’appliquai à interroger sévèrement le garçon d’écurie, le garçon préposé aux bottes, d’autres garçons, et la fille de cuisine. Il en résulta la démonstration de ce fait curieux qu’aucun d’eux n’avait porté un paquet. Le garçon d’écurie était certain de ne pas l’avoir fait ; celui qui était préposé aux bottes était prêt à faire le même serment sur la Bible ; la fille de cuisine ne pouvait se remettre en mémoire rien qui eût rapport à un paquet, bien qu’elle fût en état de me rendre un compte péniblement circonstancié de l’emploi de sa matinée, où elle avait été et ce qu’elle avait fait.

« Je demeurai donc convaincu qu’il y avait eu une trahison, de même que dans l’affaire Goodge, et je me demandai à moi-même à qui je pouvais imputer cette trahison.