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LES OISEAUX DE PROIE

gant de chevreau que j’ai aperçu dans le parloir de Goodge y a été laissé par le capitaine. Je me dis que cette idée est absurde, je me répète que Paget ne peut avoir eu connaissance de l’affaire qui m’a amené ici, et ne peut, par conséquent, chercher à me supplanter ; mais si souvent que je puisse le redire, je suis néanmoins très-tourmenté. Je suis porté à croire que la limite qui sépare la grippe de l’idiotisme est bien étroite. Ce Paget est un fieffé fripon, et puis il est lié d’intérêt avec Sheldon, une autre espèce de coquin, malgré ses apparences de gentleman.

« 12 octobre. — Il y a certainement quelque chose. Un autre depuis moi a mis la main sur les lettres de Haygarth. Ce matin j’ai reçu une note irritée de Mlle Judson, me rappelant que j’avais promis de lui renvoyer le paquet de lettres hier, dans l’après-midi, et m’informant qu’elle ne les avait pas encore reçues à onze heures du soir. Or, à ce moment, elles ont été apportées à la porte de derrière de son jardin par un sale petit garçon qui a sonné comme si le feu était à la maison et qui s’est sauvé après avoir brusquement déposé le paquet entre les mains de la servante. Voilà pour ce qui regarde le messager. Quant au paquet lui-même, Mlle Judson m’informe qu’il avait une apparence malpropre, indigne des mains d’une femme comme il faut, que de plus une lettre manquait.

« Sans avoir égard à ma grippe, je descendis immédiatement jusqu’au sous-sol de l’auberge pour trouver le garçon auquel j’avais remis le paquet, la veille à dix heures et demie du matin, et lui demandai par quel messager il l’avait envoyée. Le garçon ne put me le dire. Il ne se le rappelait pas. Je lui dis nettement