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LES OISEAUX DE PROIE

« Ainsi se termine l’histoire de Matthieu, autant qu’il m’a été possible d’en suivre la trace dans les insondables abîmes du passé.

« Il me semble que ce que j’ai maintenant à faire est de me mettre en quête d’informations au sujet de ce jeune Meynell, dont le père demeurait dans Aldergate Street, était un des plus respectables citoyens de ce quartier, et en état de donner un fort dîner au père de la bien-aimée de son fils. Il devait sans doute être un personnage assez important pour avoir laissé d’une manière ou d’une autre la trace de ses pas sur le sable du temps. Le perspicace Sheldon sera en état de me dire comment il faudra m’y prendre pour commencer cette recherche ; je ne vois pas que je puisse rien faire de plus à Ullerton.

« J’ai adressé à Sheldon une copie complète de mes extraits de la correspondance de Matthieu, et j’ai renvoyé à Mme Judson les lettres soigneusement empaquetées, ainsi qu’elle me l’avait recommandé, J’attendrai maintenant des nouvelles de Sheldon, ainsi que la guérison de ma grippe, avant de faire aucun pas sur le grand échiquier qu’on appelle la vie.

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

« Que peut signifier la prolongation du séjour de Paget dans cette ville ? Il y est encore. Il a passé devant cette maison aujourd’hui même, pendant que j’étais à ma fenêtre dans cet état d’esprit piteux et abject que peuvent seules produire la grippe et la mauvaise humeur à son paroxysme. Je crois, pour le dire en passant, que je subissais l’influence de l’une et de l’autre de ces deux maladies. Qu’est-ce que cet homme peut faire ici ? Sa présence me donne toutes sortes de craintes. Je ne puis me distraire de l’inquiétante pensée que le