Page:Braddon - Les Oiseaux de proie, 1874, tome II.djvu/56

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
52
LES OISEAUX DE PROIE

ce monde, si le repentir ne nous absout pas, nous conduit à une inévitable damnation. C’est une douloureuse pensée. Je me suis mis à songer à M***, qui m’a rendu si heureux jusqu’à ce que la mort vînt me l’enlever. Et maintenant je sais que dans cette vie tout n’est que vanité. Je vous assure, ma chère sœur, que je suis profondément triste, quand je réfléchis sur cette vérité. Oui, cela est très-douloureux à penser. »

« Plus tard, vient cet étrange pressentiment de la mort, ce sentiment instinctif d’une main cachée qui l’attire de si bonne heure vers la tombe, puis avec ce pressentiment vient le désir que le petit M*** soit transporté dans un lieu où son père puisse reposer près de lui. Il se trouve plusieurs passages dans les dernières lettres qui font prévoir le mystérieux enterrement nocturne à Dewsdale.

« La nuit dernière, j’ai rêvé du cimetière de S***. Il me semblait que j’étais assis sous le vieil if et que j’entendais la voix d’un enfant qui implorait ma pitié. Le souvenir de ce rêve m’a oppressé toute la journée, et, plus d’une fois, Rebecca m’a demandé ce qui me tourmentait. Si seulement mon petit M*** reposait plus près de nous, dans ce tombeau où je sens que je ne tarderai pas à être transporté, je crois que je serais plus heureux. Reprochez-moi cette folie, si vous voulez. Je deviens vieux, et Satan me poursuit par de folles tentations. Que vous importe, à vous, que mon âme ou mon corps repose ici où là ? Il n’en demeure pas moins que j’éprouve un désir irrésistible d’être enterré avec mon petit M***. »