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LES OISEAUX DE PROIE

« M*** ne va pas bien. Quelquefois, j’ai le chagrin de croire que cette vie tranquille ne lui convient pas, habituée qu’elle a été à l’activité, au bruit. Je lui ai fait quelque reproche ; mais elle m’a dit, avec des larmes dans les yeux, qu’être près de moi, de M***, et de C*** était assez pour qu’elle fût heureuse, et que sa maladie est la seule cause de sa tristesse. Je prie le ciel qu’elle se rétablisse bientôt. Le petit M*** embellit tous les jours, et vraiment, ma chère sœur, si vous trouviez moyen de revenir voir votre affectionné frère, vous reconnaîtriez vous-même qu’on ne peut pas avoir un plus bel enfant. Il est intelligent et a de si gentilles façons qu’elles lui gagnent tous les cœurs. Mme J*** dit qu’elle l’adore et qu’elle a presque peur de tourner au paganisme en ressentant une si grande affection pour une créature terrestre ; elle a dit cela à notre bon curé qui a ri avec elle de cette folie.

« Nous avons eu des pluies continuelles la semaine passée. Un temps pareil ne peut que retarder le rétablissement de M***. Le médecin de G***, chez lequel je l’ai conduite, dit qu’il faut qu’elle prenne l’air tous les jours, soit à pied, soit en voiture, ou en chaise à porteurs ; mais avec ce temps et dans un endroit où on ne trouve, ni voiture, ni chaise, elle est bien forcée de rester à la maison. Je lui ai proposé d’aller demeurer à G*** ; elle n’a pas voulu, disant que cet été elle serait aussi bien portante que jamais. Je prie Dieu qu’il en soit ainsi ; mais il y a des moments où je n’ose plus espérer. Si vous pouvez revenir nous voir, vous apprécierez si elle paraît plus mal que lorsque vous l’avez vue l’automne dernier. Elle a essayé de votre tisane d’infusion de tanaisie, et vous envoie tous ses remerciements pour votre bon sou-