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LES OISEAUX DE PROIE

« Je l’assurai que je n’avais jamais vu Théodore, et que je n’étais en aucune façon intéressé à son succès.

« En ce cas, je serai heureuse de vous aider autant qu’il sera en mon pouvoir, mais je ne veux rien faire pour soutenir les intérêts de Théodore Judson junior. J’ose croire que je suis une bonne chrétienne, et si Théodore Judson junior venait ici pour me demander pardon, je le lui accorderais comme une bonne chrétienne doit le faire ; mais je ne puis ni ne veux seconder ses cupides desseins. Je ne puis me prêter à une altération quelconque de la vérité. Judson senior n’est pas l’héritier régulier du défunt John Haygarth, bien que je doive reconnaître que ses droits primeraient ceux de mon frère. Il y a une autre personne avant Théodore Judson et les Théodore Judson le savent bien. Mais fussent-ils fondés dans leurs réclamations, je les considérerais encore comme indignes de jouir de cette fortune. Si ce chien pouvait parler il rendrait témoignage du mauvais traitement qu’il a reçu de Théodore Judson junior à la porte de son jardin, ce qui suffirait auprès de toute âme sensible pour montrer ce que vaut le caractère de l’homme. Un jeune homme capable de satisfaire de mauvais sentiments envers une vieille parente aux dépens d’un inoffensif animal ne sera jamais un homme qui mérite la richesse.

« J’exprimai mon adhésion à cette façon de voir, et je fus bien aise de m’apercevoir qu’avec Mlle Judson comme avec son frère, l’arrogance de Théodore me serait d’un grand secours. Cette dame n’avait que deux ans de moins que son frère et était plus encore que celui-ci disposée à bavarder. Résolu de tirer de la circonstance tout l’avantage possible, je l’écoutai silencieusement. Je hasardais seulement une question de