Page:Braddon - Les Oiseaux de proie, 1874, tome II.djvu/36

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
32
LES OISEAUX DE PROIE

chance d’avoir un sou de la fortune de Haygarth que je n’en ai d’hériter de la couronne d’Angleterre.

« Le petit vieillard s’était monté jusqu’à un léger ton de colère avant d’avoir achevé, et je pus voir que les Théodore Judson étaient aussi impopulaires dans le comptoir du drapier qu’ils l’étaient à l’hôtel du Cygne Noir.

« — Quel était le nom de baptême de cet homme ? demandai-je.

« — Peter. Il s’appelait Peter Judson, et était l’arrière-petit-fils de mon grand’père, Joseph Judson, qui habitait cette maison même, monsieur, il y a plus de cent ans. Attendez un peu ; Peter Judson devait avoir environ vingt-cinq ans lorsqu’il a quitté Ullerton ; de sorte que c’est à présent un homme entre deux âges, s’il ne s’est pas tué ou si le climat ne l’a pas tué il y a longtemps. Il est parti comme subrécargue sur un navire marchand ; c’était un garçon intelligent, capable de travailler quand il voulait s’en donner la peine, malgré sa vie dissipée. Théodore Judson est un très-bon avocat ; mais si habile qu’il puisse être, il n’avancera pas d’un pas vers la possession de la fortune laissée par John Haygarth, avant qu’il ait prouvé la mort de Peter Judson, et il n’ose pas publier d’annonces pour se procurer cette preuve dans la crainte de faire surgir d’autres réclamants.

« Quelque contrarié que je fusse d’apprendre qu’il y eût plusieurs prétendants à l’héritage du Révérend ab intestat, je fus bien aise de voir que l’impopularité de Théodore Judson disposerait probablement ses parents à prêter assistance à tout étranger susceptible de mettre ce gentleman hors de la liste des compétiteurs. Ce fut sur cette donnée que je crus devoir me diriger dans mon entrevue avec le vieux drapier.