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LES OISEAUX DE PROIE

des antécédents de ces Judson, je trouvai qu’ils paraissaient sortir d’une source commune et avoir tous dans les veines du sang du vieux Jonathan Haygarth.

« — Les Judson étaient autrefois une famille obscure, des gens du peuple, me dit mon hôte, jusqu’au moment où Joseph Judson, boutiquier et marchand de drap de bas étage, eut la chance de conquérir le cœur de Ruth Haygarth, fille unique du riche épicier, non conformiste, de la place du Marché. Ce mariage a été le point de départ de la prospérité de Joseph Judson. Le vieil Haygarth a soutenu son industrieux et honorable gendre dans le chemin pierreux qui mène à la fortune. Plus d’une fois sans doute il a dû lui venir en aide.

« Les renseignements de mon hôte étaient aussi vagues que le sont en général les renseignements ; mais il était facile néanmoins d’en conclure que les membres de la famille actuellement bien posée des Judson avaient presque tous profité dans une certaine mesure de la fortune laborieusement acquise par Jonathan Haygarth.

« — Presque tous ont trouvé moyen d’ajouter à leur nom celui de Haygarth, me dit mon hôte ; Judson, de la maison Judson et Grinder, s’appelle Thomas Haygarth Judson. Il est membre de notre Club du Commerce, et il est riche à cent mille livres.

« J’ai remarqué à propos de cela, que, dans les villes de province, un riche commerçant n’est jamais censé posséder moins de cent mille livres. Cela paraît être la mesure habituelle de l’ambition commune.

« — Il y a ensuite J. H. Judson, de Saint-Gamaliel, continua mon hôte, qui est James Haygarth Judson, puis le jeune Judson, le fils de l’avocat qui met sur ses cartes Haygarth Judson et permet volontiers qu’on l’ap-