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LES OISEAUX DE PROIE

« Vous avez agi avec tant de perspicacité jusqu’à ce moment que je ne crois pas utile de vous fatiguer par d’autres suggestions. Lorsque l’argent sera nécessaire j’y pourvoirai ; mais je dois vous demander d’en être très-économe, car je ne puis emprunter qu’avec de grands sacrifices, et si cette affaire venait à ne pas réussir, je serais inévitablement ruiné.

« Votre, etc.,

« G. S. »

« Mon ami Sheldon est un homme qui n’est jamais plus que Votre, etc., pour le reste de l’humanité. Je suppose que ce qu’il appelle ruine serait simplement un tranquille passage devant la Cour des Faillites et le transport de son cabinet sous d’autres cieux. Je ne puis supposer que cette ruine soit une catastrophe effrayante pour un homme qui a pour tout bien une demi-douzaine de mauvaises chaises de crin, deux vieux pupitres, et un pauvre tapis de Turquie en loques.

« La chasse aux Judson est une chose très-facile, si je la compare à la tâche de fouiller le passé pour y retrouver la trace effacée des pas de feu Haygarth. Si la famille Haygarth paraît être une race éteinte, la branche des Judson a crû et multiplié, et dès le début j’ai été arrêté par un encombrement de richesses, sous la forme d’une demi-page de Judson dans le dictionnaire des adresses de Ullerton.

« Savoir si je devais m’adresser à Théodore Judson, avocat, ou au Révérend James Judson, curé de Saint-Gamaliel, ou me diriger en premier chez Judson et Cie, merciers et marchands de draps, ou chez Judson et Grinder, filateurs de bourre de soie, c’était là la grande question. En m’informant auprès de mon hôte au sujet