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LES OISEAUX DE PROIE

qu’ait jamais créé l’imagination humaine. On a bien raison de dire que la vérité est plus invraisemblable que la fiction ; ne peut-on avec autant de justesse dire que la vérité a pour toucher le cœur humain une puissance supérieure aux plus sublimes créations d’un Shakespeare ou d’un Eschyle ?


CHAPITRE III

LA CHASSE AUX JUDSON

« 10 octobre. — Hier et avant-hier, je n’ai rien fait. Samedi, après un long déjeuner, j’ai relu une seconde fois les lettres de Mme Rebecca, et employé ma matinée à rechercher les parcelles d’informations qui auraient pu m’échapper à la première lecture ; mais je n’ai rien trouvé d’important. Si estimable que m’ait toujours paru le fondateur de la fraternité wesleyenne, j’avais par-dessus la tête de ses vertus, de ses discours, de ses voyages, de ses assemblées religieuses, et de ses prières en commun avant d’en avoir fini avec la correspondance de Mme Haygarth. Dans l’après-midi, je suis allé flâner dans la ville. Je me suis adressé à plusieurs hôtels, à l’effet de découvrir si par hasard le capitaine n’y était pas logé. Je suis allé à la gare ; j’ai assisté au départ d’un train. J’ai passé une demi-heure dans la boutique du meilleur marchand de tabac de la ville, dans l’espoir d’y rencontrer mon élégant patron, qui a l’habitude de s’offrir tous les jours deux cigares extras. S’il est encore à Ullerton ou non, je ne saurais le dire ; mais il ne vint