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LES OISEAUX DE PROIE

— Oh ! non, pas du tout. Nous nous parlons quand il nous arrive de nous rencontrer… Voilà tout. Il paraît assez comme il faut, mais évidemment, ce n’est pas un grand praticien, autrement il ne ferait pas partie d’un cercle où l’on ne s’occupe que de littérature légère. Il me fait l’effet d’un de ces hommes modestes qui méritent de réussir et qui y arrivent rarement. »

C’est tout ce qui fut dit au sujet de M. Burkham ; mais il ne fut pas raconté d’autres histoires de revenants. Le souvenir de son père avait toujours sur Charlotte une influence attristante ; aussi ne fut-ce qu’après beaucoup de tendres paroles dites à voix basse par Valentin que le sourire revint sur ses lèvres.

Le grand plateau et la massive théière en argent ne tardèrent pas à apparaître, suivis presque immédiatement de Philippe.

« J’ai besoin de causer un moment avec vous après le thé, Haukehurst, dit-il, après avoir reçu sa tasse des mains de Georgy et en se disposant à la boire, tout en restant debout. Si vous voulez venir fumer un cigare dans le jardin, je puis vous dire en quelques minutes tout ce que j’ai à vous dire ; nous pourrons revenir pour faire un robre. Georgy joue très-passablement et mon frère entend le whist aussi bien qu’un membre du Reform Club. »

Valentin sentit son cœur défaillir. Que pouvait lui vouloir Sheldon, si ce n’est retirer la parole qu’il lui avait donnée avant de savoir quelle était la situation pécuniaire de Charlotte ? Le jeune homme paraissait fort pâle lorsqu’il sortit ; Charlotte le suivait d’un regard anxieux, surprise de sa soudaine gravité. George n’était pas moins intrigué à l’idée d’un tête-à-tête sollicité par son frère.