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LES OISEAUX DE PROIE

dorés, aussitôt qu’ils seraient mariés. Cet ouvrage était l’un de ceux que le jeune journaliste désirait le plus avoir.

« Chère folle Charlotte, je crains qu’on n’ait le temps d’écrire une nouvelle Histoire de la Grèce avant que ce moment arrive, avait-il répondu.

— Oh ! non, vraiment, ce moment viendra bientôt. Voyez comme vous travaillez bien et quel succès vous avez. Les directeurs de journaux ne tarderont pas à vous donner trente livres par mois, ou qui sait si vous ne pourrez pas écrire quelque livre qui vous rendra tout d’un coup aussi célèbre que lord Byron. »

Influencé par Charlotte, au sujet de son beau-père, Haukehurst sentit croître ses dispositions affectueuses au sujet de ce gentleman, et tant et si bien, que les insinuations et les railleries de l’avocat furent considérées par lui comme non avenues.

« Cet homme est lui-même un si triste sire, qu’il ne peut croire à l’honnêteté d’un autre, pensa Haukehurst en pesant la valeur morale des deux frères. Dans les rapports que j’ai eus jusqu’à présent avec Philippe, je l’ai toujours trouvé assez droit. Je ne puis m’imaginer qu’il obéisse, dans sa conduite à l’égard de Charlotte, à quelque mobile caché. On verra ce que vaut au juste son honnêteté, lorsqu’il connaîtra les droits de sa belle-fille. Ce sera une épreuve. Voudra-t-il me jeter par-dessus le bord ? Ma chérie elle-même ne me considérera-t-elle pas comme un coureur de dot ? Ah ! non, non, non, dans toutes les complications de la vie, je ne pense pas qu’il y en ait une seule qui puisse amener ma Charlotte à douter de moi. Il n’y a pas de clairvoyance plus grande que celle du véritable amour. »

Haukehurst avait besoin d’appeler à lui toute cette