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LES OISEAUX DE PROIE

la première matinée de Noël dans laquelle il se fût éveillé avec ce sentiment de suprême bonheur ou avec la conscience que ce jour était un jour plus saint que les autres. Aujourd’hui plus que jamais il se sentait régénéré par l’amour qu’une honnête femme avait daigné lui accorder.

En se tournant vers le passé, il se rappela plusieurs journées de Noël : une journée de Noël à Paris, au milieu de la boue, de la pluie ; une soirée de Noël passée à errer sur les boulevards, puis à fumer, à boire ; un Noël en Allemagne ; plus d’un passé à la prison du Banc de la Reine ; un Noël particulièrement triste dans une chambre nue de la prison pour dettes !

Cette journée-là, Valentin devait la passer tout entière avec Charlotte et ses parents. Il devait, dans la matinée, les accompagner à l’église, se promener ensuite avec eux, puis dîner et raconter dans la soirée les contes de Noël. C’était le premier jour où il serait vraiment admis comme un des membres de l’aimable famille, et dans la joie de son cœur, il se sentait disposé à aimer tous ses parents d’adoption, même Sheldon, dont la noble conduite l’avait si profondément touché, en dépit des mots amers et des accusations de George.

Charlotte lui avait dit que son beau-père était aussi généreux que désintéressé, et qu’il y avait un secret qu’elle eût été heureuse de lui dire, si elle ne s’était engagée à ne pas le dévoiler. Cela avait puissamment contribué à rendre plus intéressant encore Sheldon aux yeux de son futur gendre.

Puis, Mlle Halliday avait fait en souriant un signe de tête et l’avait informé avec un petit rire joyeux qu’il aurait un cheval pour se promener et une édition de l’Histoire de la Grèce, de Grote, reliée en veau, avec des coins