Page:Braddon - Les Oiseaux de proie, 1874, tome II.djvu/258

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
254
LES OISEAUX DE PROIE

mie une expression menaçante. Si je ne puis m’arranger avec vous, je m’occuperai de l’affaire moi-même et la suivrai jusqu’au bout, tout seul.

— Je vous défie bien de le faire.

— Vous feriez mieux de ne pas me défier.

— Combien donc comptez-vous garder pour vous-même de la fortune de Mlle Halliday ? demanda l’avocat exaspéré.

— Cela me regarde, répondit tranquillement Philippe ; maintenant, je crois que nous ferions mieux de passer au salon pour prendre le thé. Oh ! à propos, ajouta-t-il après un gracieux abandon, comme Mlle Halliday est en affaires moins qu’un enfant, il vaut mieux la traiter en enfant ; je lui dirai qu’elle a des droits sur une certaine somme d’argent ; mais je ne lui dirai pas la somme. Son désappointement sera moins grand en cas d’échec, si elle a eu des espérances plus modestes.

— Vous êtes toujours prévoyant, dit George avec un sourire sardonique. Puis-je vous demander comment vous vous êtes mis dans la tête de jouer le rôle de père bienveillant dans l’amourette de Haukehurst et de Mlle Halliday ?

— Que m’importe que ma belle-fille épouse celui-ci ou celui-là ? répliqua froidement Philippe. Je désire certainement que cela tourne bien, mais je n’aurai pas la responsabilité de son choix. Si ce jeune homme lui convient, qu’elle l’épouse !

— D’autant mieux qu’il vous convient admirablement à vous-même. Je crois que je commence à comprendre votre jeu, Philippe.

— Vous pouvez me comprendre ou ne pas me comprendre, comme il vous plaira… Maintenant, si nous allions prendre le thé ? »