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LES OISEAUX DE PROIE

par la froideur de son frère. J’ai découvert récemment que Mlle Halliday a des droits à une certaine somme d’argent, et je me fais fort de la mettre en possession de cet argent… à une condition.

— Et cette condition… est ?…

— Qu’elle signera un acte par lequel elle s’engagera à m’abandonner la moitié de la somme qu’elle pourra recouvrer par mon entremise.

— Et si elle la recouvrait sans votre entremise ?

— Oh ! quant à cela, je l’en défie. Elle ne sait même pas qu’elle ait le moindre droit à faire valoir.

— Ne soyez point trop sûr de cela… Mais, même en admettant qu’elle ne sache rien, pensez-vous que ses amis soient aussi ignorants qu’elle ? Pensez-vous que je sois un homme d’affaires assez niais pour être resté jusqu’à présent sans savoir que ma belle-fille est la plus proche parente du Révérend John Haygarth, mort ab intestat à Tilfordhaven, dans le comté de Kent, il y a un an environ. »

Cela fut comme une volée de mitraille qui renversa presque George ; mais, après ce premier mouvement de stupéfaction, il poussa un soupir ou plutôt un gémissement de résignation.

« Pardieu, dit-il, cela ne doit pas me surprendre. Vous connaissant comme je vous connais, il faut que j’aie été fou à lier pour ne pas m’attendre à quelque travail sous main de votre part.

— Qu’entendez-vous par quelque travail sous main ? Les mêmes journaux qui ont été à votre disposition ne l’étaient-ils pas à la mienne ? N’avais-je pas plus de facilités que vous pour établir la parenté directe de ma belle-fille avec le père de John Haygarth ?

— Comment donc avez-vous découvert que Mlle Hal-