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LES OISEAUX DE PROIE

une aile ; non, Georgy, pas de macaroni, je vous remercie. Je ne me soucie pas de ces colifichets, après un repas… sérieux. À propos, Philippe, Haukehurst a-t-il dîné avec vous ces jours-ci ? »

Charlotte devint aussi rouge que les baies de houx béni dont les candélabres étaient ornés. C’était la veille de Noël, et ses belles mains avaient semé par la chambre des guirlandes, des touffes, des bouquets, des branches de gui, de houx, de lierre.

« Il dîne avec nous demain, répliqua l’agent de change ; vous viendrez également, je suppose, comme à l’ordinaire, George ?

— Je viendrai avec grand plaisir, si cela ne vous dérange pas. »

Georgy murmura quelque protestation banale.

« Certainement, nous sommes toujours très-aises de vous voir, dit Philippe de l’air le plus encourageant ; maintenant, si vous avez à me parler d’affaires, le plus tôt sera le mieux. Ces demoiselles et vous n’avez pas besoin de rester au dessert, Georgy ; des amandes et des raisins secs n’ont rien de très-tentant, et comme vous ne buvez pas de vin, vous n’avez rien de mieux à faire que de passer au salon. George et moi nous irons vous y rejoindre pour le thé. »

Les dames se retirèrent, enchantées de retourner à leur laine de Berlin et à leur piano. Diana reprit son ouvrage avec la sainte patience qu’elle apportait dans l’accomplissement de ses devoirs. Charlotte s’assit devant le piano, où elle se mit à jouer de petits bouts de valses, sur un mode lent, avec des liaisons dominantes de notes basses qui auraient écorché les oreilles d’un musicien.

Elle se demandait si Valentin viendrait ce soir-là qui