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LES OISEAUX DE PROIE

calculer la profondeur de cet homme. Il vous a déjà jeté de la poudre aux yeux. Il saura si bien s’y prendre que cette pauvre fille le considérera comme l’homme du monde le plus désintéressé.

— Vous pourriez la prévenir.

— Oui, comme je vous ai prévenu. À quoi cela servirait-il ? Vous êtes disposé à avoir plus de confiance en Philippe qu’en moi, et il en sera de même jusqu’au bout. Vous rappelez-vous Palmer, Rugby, qui avait l’habitude d’aller à la messe et de recevoir les sacrements ?

— Oui, certainement, je me le rappelle. Qu’avez-vous à dire de lui ?

— Voilà. On croyait en lui, vous savez, on le considérait comme un très-honnête garçon jusqu’au jour où l’on a découvert qu’il avait empoisonné plusieurs de ses amis. »

Haukehurst sourit, jugeant que cette remarque était bien peu en situation ; il ne pouvait apercevoir aucun lien entre l’empoisonneur de Rugby, et l’agent de change.

— Cela est une affaire exceptionnelle, dit-il.

— Oui, au fait, c’était une affaire exceptionnelle, répondit George négligemment. Elle prouve seulement qu’un homme peut être doué d’une façon prodigieuse pour duper ses concitoyens. »

La discussion s’arrêta là. George commença à comprendre qu’un mariage secret dans l’état actuel des choses ne pouvait pas se faire.

« Je suis presque disposé à croire que Philippe soupçonne quelque chose au sujet de cet argent, dit-il, et qu’il nous prépare quelque tour de sa façon.

— Dans ce cas, ce que vous auriez de mieux à faire serait de prendre l’initiative, répondit Valentin.