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LES OISEAUX DE PROIE

cune instance de ma part puisse engager Charlotte à consentir à un mariage secret après la conduite de votre frère.

— Réellement non ! s’écria George avec une sorte de fureur, je reconnais bien là mon frère. Il est si droit dans tous ses actes qu’il l’emporterait dans un traité sur Lucifer en personne. Je vous le répète, vous ne savez pas à quel point il est profond… aussi profond qu’un puits sans fond ! Sa générosité même m’inspire d’autant plus de crainte. Je ne comprends pas son jeu. S’il consentait à votre mariage pour se débarrasser de Charlotte, il vous laisserait l’épouser haut la main ; mais au lieu de cela il impose des conditions qui peuvent retarder le mariage pendant des années et c’est ce point qui m’intrigue.

— Vous feriez mieux de suivre votre chemin sans vous inquiéter de moi ou de mon mariage avec Mlle Halliday, dit Valentin.

— C’est bien ce que je serai obligé de faire. Je ne puis laisser la fortune de Haygarth à la merci de Tom, de Dick, ou de Harry, jusqu’à ce que vous arriviez à gagner trente livres par mois en écrivassant pour des journaux. Il faudra que je fasse mon marché avec Philippe au lieu de le faire avec vous, et je puis vous dire que vous y perdrez beaucoup.

— Je ne le vois pas tout à fait ainsi.

— Peut-être, voyez-vous, ne connaissez-vous pas tout à fait mon frère. Si cet argent passe par ses mains, soyez bien sûr qu’une partie y restera attachée.

— Pourquoi l’argent passerait-il par ses mains ?

— Parce que aussi longtemps que Charlotte est sous son toit elle est jusqu’à un certain point soumise à son autorité. Et alors, je vous le dis encore, on ne peut pas