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LES OISEAUX DE PROIE

CHAPITRE V

BIENVEILLANCE DE SHELDON

Nancy avait peu perdu de son activité, malgré les dix années qui s’étaient écoulées depuis que Sheldon lui avait soldé ses gages à sa sortie de sa maison. Son maître l’avait laissée libre de rester à son service si cela lui convenait, mais Mme Woolper était d’une nature indépendante, et elle avait préféré joindre ses petites ressources à celles d’un neveu qui était sur le point de s’établir comme épicier, plutôt que de se mettre au service de la dame qu’elle persistait à appeler Mademoiselle Georgy.

« Il y a si longtemps que j’ai perdu l’habitude d’avoir une maîtresse, dit-elle à Sheldon, que je ne pourrais pas supporter le caractère tatillon de Mlle Georgy. Ce serait irritant pour moi si elle venait travailler et me faire des questions dans la cuisine. J’aime à avoir mes coudées franches, et je ne crois pas que je pourrais m’entendre avec elle. »

Nancy partit donc pour entrer dans la maison de son parent et y perdre jusqu’à son dernier shilling de ses petites économies en efforts infructueux, pour l’aider à réussir dans son commerce. La mort de celui-ci, qui suivit de très-près son insolvabilité, laissa la pauvre femme tout à fait dans la misère. Dans cette extrémité elle s’était décidée à faire appel à Sheldon. Sa réponse lui arriva, mais seulement après plus d’une semaine