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LES OISEAUX DE PROIE

franc et ouvert, quand cela se peut, et avec vous je veux aller droit au but. J’entends avoir une moitié complète de la fortune de Haygarth, et je crois être parfaitement fondé à demander cette moitié. L’héritage ne peut être obtenu qu’à l’aide des documents qui en sont en ma possession, et sans moi, il eût pu rester jusqu’au jour du jugement dernier complétement ignoré, même des descendants de Matthieu Haygarth. Considérez la chose à tel point de vue que vous voudrez, vous devrez reconnaître, je pense, que ma demande est juste, légitime.

— Je ne dis pas qu’elle soit injuste, bien qu’elle puisse paraître un peu usuraire. Quoi qu’il en soit, si Charlotte était ma femme et qu’elle consentît à abandonner la moitié de sa fortune, je ne suis pas homme à discuter sur le montant de la récompense qui vous est due. Lorsque le moment sera venu de passer un traité, vous n’aurez pas de peine à vous entendre avec moi.

— Et quand puis-je espérer qu’aura lieu votre mariage avec Mlle Halliday ? demanda George, en frappant sur la table d’un air d’impatience ; du moment où vous entendez conduire les choses dans le grand style, attendre le consentement de maman, le consentement de papa, et Dieu sait quelles absurdités, je suppose que le délai devra être très-long.

— Je l’ignore complétement. Ce n’est pas moi qui chercherai à retarder le moment où je pourrai dire que cette chère enfant est à moi. Je lui ai demandé d’être ma femme avant de savoir qu’elle avait dans les veines du sang des Haygarth, et la connaissance de ses droits à cette fortune ne saurait me la rendre plus chère, tout pauvre diable que je suis. Si vous aviez le moindre sentiment poétique, vous comprendriez que l’amour d’un homme pour une honnête femme vaut généralement