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LES OISEAUX DE PROIE

mes engagements ; mais si vous comptez que nous ferons un marché pour hâter mon mariage avec Mlle Halliday vous vous trompez complètement. Cette jeune fille m’épousera quand cela lui conviendra, mais je ne chercherai jamais pour votre convenance particulière à l’entraîner dans un mariage clandestin.

— Oh ! est-ce là votre ultimatum ? dit l’avocat en se rongeant les ongles avec fureur et en lançant à son partenaire un regard provocateur. Je suis surpris que vous n’alliez pas jusqu’au bout en disant qu’un homme qui spécule sur l’affection d’une femme pour l’accroissement de sa fortune mérite d’être… d’être escofié, comme on dit dans notre argot moderne. Par conséquent, je dois comprendre que vous refusez de précipiter la chose ?

— Je m’y refuse très-positivement.

— Et l’affaire Haygarth devra rester en suspens aussi longtemps que Mlle Halliday en restera aux platoniques satisfactions d’une cour sentimentale ?

— Je le présume.

— Hum !… voilà qui est agréable pour moi.

— Pourquoi attendez-vous que Mlle Halliday soit mariée pour faire valoir ses droits ? Pourquoi ne pas les faire connaître immédiatement ?

— Parce que je ne veux pas me fier à Philippe. Le jour où vous me montrerez votre acte de mariage avec Mlle Halliday, ce jour-là seulement j’entamerai l’affaire. Je vous ai déjà dit l’autre jour que je préférais traiter avec vous plutôt qu’avec mon frère.

— Et quelle espèce de traité comptez-vous faire avec moi, lorsque j’aurai épousé Mlle Halliday ?

— Je vais vous le dire, répliqua l’avocat en se carrant, avec ses coudes sur la table, dans son attitude favorite et regardant son collaborateur en face. J’aime à être