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LES OISEAUX DE PROIE

endura son martyre de chaque semaine avec une fermeté qu’un Spartiate eût pu lui envier.

« Qu’ai-je donc perdu ? se disait-elle pendant que de temps à autre elle jetait un coup d’œil furtif sur le gracieux et nerveux visage de son ancien compagnon. Quel est donc ce trésor dont la perte me cause tant de chagrin ? Seulement l’amour d’un homme qui, dans ce qu’il a de meilleur, n’est pas digne de l’affection de cette jeune fille, et par ce qu’il a de mauvais est peut-être indigne de la mienne. Mais même avec ce qu’il a de mauvais, je sens qu’il m’est plus cher encore que l’homme le plus digne, le plus noble, le plus beau qui existe au monde ! »


CHAPITRE III

AVEU DE VALENTIN À GEORGE SHELDON

Haukehurst, tout en faisant [sa cour, ne perdait pas de temps ; il était même devenu persévérant ; il avait abandonné la bannière de la grande armée de Bohême ; il éprouvait le besoin de s’endormir dans les rangs des respectables citoyens, qui aiment leurs femmes et leurs enfants, et vont le dimanche à l’église. Il avait un stimulant qui jusqu’alors avait manqué à sa vie : il était aimé et il voulait que la femme qui l’aimait fût fière de lui.

Il sentit que le premier pas qu’il avait à faire dans la voie honnête devait la séparer de Paget ; mais, pour le moment, une rupture avec ce gentleman lui paraissait