Page:Braddon - Les Oiseaux de proie, 1874, tome II.djvu/195

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
191
LES OISEAUX DE PROIE

« La pauvre Diana souffre de voir son père montrer tant d’amitié à un étranger pendant qu’il la délaisse, » pansait Mlle Halliday.

Une fois arrivée à cette conclusion, elle n’avait plus fait d’efforts pour pénétrer les mystères de l’âme de Diana. Elle était moins que jamais disposée à s’inquiéter des sentiments de Diana, maintenant qu’elle était sous le sceptre de l’amour avec la douce conscience que cet amour était partagé. Si tendre et affectionnée qu’elle fût, elle ne pouvait échapper à cet égoïsme relatif qui est le vice capital des amants heureux. Son cœur n’était pas assez large pour aimer plusieurs êtres. Elle en adorait un, cela lui suffisait.


CHAPITRE II

FAIBLESSE DE MADAME SHELDON

Mlle Halliday eut le soir du même jour une entrevue avec sa mère, dans la chambre à coucher de Mme Sheldon. Mme Sheldon allait se mettre au lit ; ses tables étaient encombrées de brosses à cheveux, de brosses à ongles, de peignes, de rubans, de cols, de breloques ; une odeur de vanille, de benjoin, de musc emplissait la chambre ; les sachets, les tiroirs, les petites boîtes tenaient une grande place dans la vie de Mme Sheldon ; elle était plus attachée à ces riens qu’à sa fille elle-même ; elle les comprenait avec moins d’efforts. La belle enfant était un être dont l’existence avait toujours été une sorte de problème pour Georgina. Elle l’aimait