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LES OISEAUX DE PROIE

familière à ses lèvres. Si la dose était un peu plus âpre qu’à l’ordinaire, l’habitude lui avait appris à vider la coupe sans se plaindre, sinon en se résignant. Ce jour-là, elle avait été dominée par un moment de passion ; mais l’orage était dissipé, et un esprit plus observateur que celui de Charlotte s’y fût trompé.

« Vous voilà redevenue, ma Diana, à vos meilleurs moments un peu sévère, mais loyale et franche. »

Mlle Paget fronça légèrement le sourcil.

« Non, chère, continua Charlotte avec une légère pointe de coquetterie, ce n’est point un gentilhomme campagnard. C’est une personne que vous connaissez très-bien, une personne dont nous parlions tout à l’heure. Oh ! Diana, vous devez certainement m’avoir comprise quand je vous ai demandé de l’aimer pour l’amour de moi.

— Valentin ! s’exclama Diana.

— Et quel autre, chère aveugle Diana ?

— Il était dans le comté d’York ?

— Oui, chère ; c’est la chose la plus étonnante qui soit jamais arrivée. Dans une excursion qu’il faisait un matin, il s’est approché de la porte de Newhall sans avoir la moindre idée de me rencontrer là. N’est-ce pas surprenant ?

— Qu’est-ce qui a pu l’amener dans le comté d’York ?

— Il y est venu pour une affaire.

— Mais quelle affaire ?

— Je n’en sais rien. Quelque affaire de papa ou de George Sheldon, sans doute. Et cela peut être. Il écrit un livre, je crois, sur la géologie ou l’archéologie… oui, c’est cela, l’archéologie.

— Valentin écrit un livre sur l’archéologie ! s’écria Diana, vous rêvez, Charlotte.