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LES OISEAUX DE PROIE

chargé de découvrir les descendants de la quatre-vingt-dix-neuvième femme de Salomon. Cent années en arrière semblent aussi loin, pour obtenir un résultat pratique, que s’il fallait aller le chercher dans l’autre monde.

« Les lettres ne me paraissent pas avoir une grande importance ; ce sont des épîtres prétentieuses et réservées qui traitent de matières spirituelles beaucoup plus que de temporelles. Mme Rebecca semble avoir été trop préoccupée de la santé de son âme pour avoir eu beaucoup de temps à consacrer à quelque chose d’aussi peu intéressant que le corps des autres. Les lettres sont pleines de discours sur l’état de son propre esprit et empreintes de cet orgueil qui veut simuler l’humilité. Mme Rebecca se jette constamment des cendres sur la tête ; mais elle prend soin néanmoins de faire comprendre à son ami le pasteur à quel point cette tête est une tête sacrée, une belle tête !

« J’ai mis de côté trois des lettres les plus séculières que j’ai choisies après avoir parcouru un nombre considérable de pages insensées et dignes de la Wesleyenne Mme Guyon. Ces trois lettres mettent quelque peu en lumière le caractère de Matthieu Haygarth, mais elles ne contiennent aucun renseignement positif.

« J’ai copié littéralement ces lettres en modifiant seulement les erreurs de l’orthographe, si communes à une époque où le Prétendant à la couronne d’Angleterre ne savait pas lui-même écrire correctement.

« La première porte la date du 30 août 1773, une semaine après le mariage de la dame avec notre ami Matthieu Haygarth.