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LES OISEAUX DE PROIE

pêché de faire ce qui lui plaisait. C’est à peu près ce que pensa Halliday, je présume, car il se rendit à Londres aussi vite qu’il put, à la poursuite de la sœur de sa femme et de M. Kingdon. Mais bien qu’il prît des informations tout le long de la route, il ne put savoir s’ils avaient passé avant lui, par la meilleure de toutes les raisons. Il se rendit à la maison de campagne du boucher où il ne trouva pas trace de Susan, si ce n’est une lettre d’elle, timbré du comté d’York, du jour même où avait eu lieu la querelle entre James et M. Kingdon. Elle annonçait son intention de rendre visite à son ancienne amie dans les quelques jours qui suivraient et faisait de vagues allusions à un mariage prochain. La lettre était là annonçant la visite ; mais personne n’avait paru.

« — En tous cas, cette lettre prouve que Mlle Meynell avait foi dans l’honnêteté des intentions de son amant.

« — Assurément, pauvre fille ! répondit M. Mercer d’un air pensif. Elle a cru aux paroles d’un mauvais drôle, et a chèrement payé sa simplicité. Halliday fit tout ce qu’il put pour la découvrir. Il chercha dans tous les quartiers de Londres ; mais ce fut sans résultat et, comme je l’ai déjà dit, par une excellente raison. Il dut donc revenir à Newhall juste aussi avancé que lorsqu’il en était parti.

« — Et n’a-t-on rien découvert depuis ? demandai-je vivement, car je sentais que c’était précisément là une de ces complications de famille qui peuvent donner naissance à toute sorte de difficultés juridiques.

« — Ne soyez pas si pressé, mon garçon, répondit l’oncle Joé, les mauvaises choses se découvrent toujours tôt ou tard. Trois ans après la fuite de la pauvre jeune femme, un groom ivrogne fut renvoyé des écuries de lord Durnsville ; il n’eut rien de plus pressé que de venir droit chez