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LES OISEAUX DE PROIE

très sincèrement intéressé au récit de cette histoire de famille.

« — Oh ! je le crois bien !… je le crois bien !… Je le tiens de ma pauvre Molly qui l’avait entendu raconter à sa mère. Halliday ne mâchait pas ses paroles ; il en donna la preuve à M. Kingdon. Il lui parla sec et fort, comme il avait coutume, lui disant qu’il lui arriverait malheur s’il passait de nouveau le seuil de la porte. « Si vous aviez de bonnes intentions à l’égard de cette folle enfant, vous ne vous faufileriez pas ici derrière mon dos, dit-il ; mais vous n’avez pas de bonnes intentions, et de plus, vous avez déjà une femme cachée quelque part en Espagne. » M. Kingdon nia le fait, en ajoutant qu’il ne voulait pas descendre jusqu’à se justifier envers un paysan. « Si vous étiez un gentleman, dit-il, vous payeriez chèrement votre insolence. » « Je suis prêt à payer le prix que vous voudrez, répondit Halliday, solide comme une barre de fer ; mais comme vous n’étiez pas très-amateur de batailles à l’étranger, où les occasions ne manquaient pas, je ne présume pas que vous ayez grande envie d’en venir chercher ici. »

« — Et Mlle Meynell entendait-elle tout cela ? lui demandai-je.

« Je pouvais facilement me représenter cette pauvre fille debout, les yeux hagards, écoutant les dures paroles adressées à l’homme qu’elle aimait, alors que le voile argenté de son beau rêve était si violemment déchiré par la rude main d’un paysan, d’un homme des champs indigné.

« — Oh ! je ne sais pas si elle a bien entendu, répondit M. Mercer. Du reste, Halliday raconta ensuite toute la querelle à sa femme. Il fut très bienveillant pour sa belle-sœur, quoiqu’elle l’eût trompé. Il lui parla très-