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LES OISEAUX DE PROIE

le bruit des journaux que M. Sheldon déplie, replie, et qui font un bruissement exaspérant, tout le temps, s’il vous plaît ; et des dîners, donc ! quels dîners ! avec une femme de chambre qui ne cesse de vous examiner, qui vous apporte des légumes qu’on ne lui demande pas, et qui oublie le sel ou le poivre qu’on lui demande. Ici, c’est le pays de la liberté. Mon oncle Joé, c’est le mari de ma tante Dorothée, est le meilleur des hommes. C’est en toutes choses le contraire de M. Sheldon. Je ne veux pas dire que mon beau-père soit méchant, vous comprenez ; oh ! non ; il a toujours été excellent pour moi ; beaucoup plus que je ne le mérite assurément, mais les façons de mon oncle sont si différentes. Je suis certaine que vous l’aimerez. Je suis sûre aussi qu’il vous prendra en affection. Il aime tout le monde, le cher homme. Vous viendrez nous voir très-souvent, n’est-ce pas ? La ferme de Newhall est la maison du bon Dieu, les portes en sont ouvertes à l’étranger qui y est toujours bien accueilli.

« À ce moment, mon devoir m’obligeait à retourner à Huxter’s Cross aussi vite que mes jambes pourraient m’y porter, afin d’arriver à temps pour prendre le véhicule hybride qui devait me conduire à Hidling, et cela, hélas ! au moment même où la chère enfant me demandait de rester, me promettait un bon accueil dans cette maison que sa seule présence transformait pour moi en paradis.

« Je regardai à ma montre : il était impossible que je pusse arriver à Huxter’s Cross assez à temps. Ma conscience me dit tout bas que je pourrais louer le dog-cart de mon hôtesse avec un garçon pour me conduire à Hidling ; mais les chuchotements de la conscience sont bien faibles et l’amour me criait tout haut :