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LES OISEAUX DE PROIE

« Mais lorsqu’un homme est aveuglé par l’amour, il n’est rien dans la nature qui ne lui rappelle plus ou moins son idole.

« La demoiselle se retourna au moment où le bruit de mes pas résonna sur le gravier de la route. Elle se retourna : le visage qu’elle me montra était celui de Charlotte.

« Que la postérité me pardonne si je laisse une lacune à cette phase de mon histoire. Il y a dans le cœur humain des cordes qu’il vaut mieux ne pas faire vibrer. Il est également des émotions qu’un poète seul peut exprimer. Je ne suis pas poète, et si mon journal a le bonheur d’être utile à la postérité comme l’histoire d’un bohème repentant, que la postérité me pardonne de ne pas essayer de décrire des choses que je suis impuissant à décrire.


CHAPITRE IV

DANS LE PARADIS

« Nous nous retrouvâmes face à face, ma Charlotte et moi, devant la grille aux barreaux blancs. Le vieux toit couvert en tuiles rouges que j’avais aperçu de loin, abritait celle que j’aimais. La ferme solitaire que j’avais longtemps regardée était la maison de ma bien-aimée. C’était là, au milieu des montagnes, qu’elle était venue en quittant la somptueuse villa de Bayswater. Quel bonheur de la rencontrer là, loin de son glacial beau-père, là, en pleine nature, j’allais dire en pleine liberté.