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LES OISEAUX DE PROIE

« Cela n’était pas encourageant, mais je savais que, si quelque trace de la fille de Christian Meynell existait à Huxter’s Cross, j’avais un moyen de la découvrir.

« Je lui demandai s’il y avait dans le village quelque fonctionnaire chargé de la conservation des registres, et j’appris qu’il n’y en avait pas de plus important qu’un vieillard préposé à la garde des clefs de l’église. Mon hôtesse pensait que les registres devaient se trouver dans la sacristie ; quant au vieillard, il s’appelait Gorles et demeurait à deux milles, chez son gendre ; mais mon hôtesse se chargea de l’envoyer chercher immédiatement, en m’affirmant qu’il serait avant une heure à ma disposition. Je lui dis qu’en attendant j’allais me rendre au cimetière, où Gorles pourrait venir me joindre à sa convenance.

« La matinée d’automne était claire et fraîche comme une matinée de printemps, et Huxter’s Cross me semblait être l’endroit le plus agréable de la terre, bien qu’il ne se composât que d’une douzaine de maisonnettes, relevée par un bâtiment de ferme, de prétention modeste ; mon hôtellerie de La Pie, magasin général où se trouvait également la Poste aux Lettres ; puis une belle vieille église normande, située en dehors du village et dont l’apparence semble révéler qu’elle a connu de meilleurs jours. Près de l’église se dresse une ancienne croix de granit, autour de laquelle les fleurs sauvages et l’herbe ont poussé épaisses et hautes : cette croix indique la place où existait autrefois un marché florissant ; mais toutes les habitations qui l’entouraient ont disparu, le passé de Huxter’s Cross n’a laissé d’autre souvenir que ce débris de croix.

« Le cimetière était aussi tranquille et solitaire que possible : un rouge-gorge était perché sur la barre la