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LES OISEAUX DE PROIE

d’York que je le suis à Londres ? Personne. Et cepenpant je suis heureux que l’affaire Sheldon me conduise vers les prés et les bois de ce vaste comté du Nord.

« Huxter’s Cross… quelque lieu abandonné sans doute. J’ai acheté sur ma route, ce soir en revenant, un Indicateur des chemins de fer. Je me suis mis à étudier soigneusement les moyens de communication avec cette localité, dans les archives moisies de laquelle j’ai à découvrir l’histoire de la fille et héritière de Christian Meynell.

« Je trouve que Huxter’s Cross n’est pas sur la ligne même du chemin de fer. On y arrive en descendant à une petite station obscure, si j’en juge par les caractères microscopiques avec lesquels son nom est écrit, environ à soixante milles au nord de Hull. Le nom de la station est Hidling, et à Hidling il paraît qu’il y a une voiture publique faisant le service entre la station et Huxter’s Cross.

« Vous faites-vous une idée, mon cher, de l’héritier d’une fortune de cent mille livres végétant dans les régions ignorées de Huxter’s Cross-Hidling sans avoir conscience de sa félicité ?

« Le trouverai-je à la charrue, ce muet et insouciant héritier légal, ou sous la forme d’une héritière aux bras brunis prosaïquement occupée à battre du beurre, ou bien découvrirai-je que le dernier des Meynell repose dans quelque cimetière abandonné où aucune voix ne saurait plus troubler son sommeil pour le prévenir de la bonne fortune qui l’attend ?

« Je vais dans le comté d’York ; cela me suffit. Il me tarde de voir partir le train qui m’y conduira. Je commence à comprendre la nostalgie des montagnards ; j’aspire après l’air du Nord, cette fraîche brise qui souffle