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LES OISEAUX DE PROIE

« — Non ; il me faudra donc visiter les hospices, répliquai-je avec la résignation du pauvre que son dénûment oblige à tout faire, bien que, je l’avoue, l’insipide verbiage des vieillards des hospices dépasse presque ce que je puis supporter.

« — Eh ! qui vous dit que vous ne pourrez pas obtenir le nom de l’endroit de votre ami le doreur ! dit George. Il vous a mis en quelque sorte sur la voie en vous disant que le nom finit en cross. Il croit qu’il se rappellerait le nom s’il l’entendait prononcer. Pourquoi ne pas tenter cette épreuve avec lui ?

« — Mais, pour la faire, il faudrait que je susse le nom moi-même, répliquai-je, et dans ce cas je n’aurais pas besoin de l’assistance de Sparsfield.

« — Vous n’êtes pas fertile en expédients, dit Sheldon en se renversant sur sa chaise pour prendre sur une tablette un petit livre très-vieux, comme tous ceux qui l’entouraient. Voici un Dictionnaire des Communes, dit-il en l’ouvrant à la table des matières. Nous éprouverons la mémoire du vieux Sparsfield avec tous les cross qui se trouvent dans le comté, et si le moindre écho du nom se rencontre encore dans son faible cerveau nous parviendrons à l’éveiller.

« Mon patron se mit alors à parcourir avec l’ongle de son doigt l’une des colonnes de l’index du livre.

« — Prenez votre crayon et écrivez les noms à mesure que je les appellerai, dit-il. Nous y voici. Aysley-Cross… En voilà encore d’autres : Bowford-Cross, Callindale-Cross, Huxter’s-Cross, Jarnham-Cross, Kingboroug-Cross…

« Puis, après avoir lu attentivement la colonne, il s’écria :

« — Voilà tous les cross qui se trouvent dans le comté