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LES OISEAUX DE PROIE

le dernier volume relié du Times, ainsi que la dernière collection des feuilles non reliées, il commença ses investigations, en examinant d’abord les feuilles les plus récentes. Si rapidement et adroitement qu’il tournât les grandes pages du journal, ce travail l’occupa près de trois quarts d’heure, après lesquels il parvint enfin à rencontrer l’avis publié dans le mois de mars précédent.

Il fit entendre un petit sifflement, comme un soupçon de sifflement, au moment où il lut : « John Haygarth. Cent mille livres ! »

La fortune qui attendait son réclamant s’élevait à cent mille livres ! Sheldon connaissait des despotes commerciaux dont la richesse se comptait par millions et dont les décrets gouvernaient toutes les bourses de l’Europe ; néanmoins cent mille livres lui parurent une très-douce chose. Il se sentit tout disposé à disputer hardiment cette capture dont la conquête avait trop prématurément fait son frère si triomphant.

« Il a refusé ma collaboration, pensa-t-il pendant qu’il rejoignait le cab, après avoir pris copie de l’annonce, soit ! il m’aura alors pour adversaire… Omega Street, Chelsea, » cria-t-il au cocher.

Et bientôt il eut franchi les confins de Bloomsbury, roulant vers les quartiers de Belgrave. Il avait complété sa recherche dans le journal à midi dix minutes, et, à une heure moins vingt minutes, il se présentait au logement de Paget. Le capitaine était en ce moment assez désœuvré par suite de la stagnation des affaires, Sheldon eut avec lui une longue entrevue, et le résultat de cette entrevue fut le départ du capitaine pour Ullcrton, par le train express de deux heures. Et voilà comment Valentin et son patron arrivèrent à se rencontrer à la station d’Ullerton.