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LES OISEAUX DE PROIE

de briques, à ses fleurs, à sa plaque de cuivre orthodoxe.

Aucun dentiste, aucun autre médecin n’avait habité la maison avant la venue de Sheldon : elle était restée inoccupée pendant plus d’une année et se trouvait dans un complet état de dégradation, lorsqu’un beau jour les affiches disparurent des fenêtres, et, immédiatement après, les briquetiers et les peintres plantèrent leurs échelles contre les murs décrépits. Sheldon ayant pris la maison pour un long bail, dépensa deux ou trois cents livres pour l’embellir. Lorsque les réparations et les décorations furent terminées, deux grands wagons chargés de meubles massifs, de mode ancienne, arrivèrent de la gare du Nord et s’arrêtèrent devant la maison. Au même moment on pouvait voir un jeune homme à la figure méditative qui allait, venait, entrait dans une chambre, puis dans une autre, se mettait à genoux, se relevait, mesurait, toisait avec une règle de trois pieds, prenant rapidement des notes sur un petit carnet qu’il tenait à la main. C’était un envoyé du tapissier, et avant la nuit tombante, plus d’un voisin savait que l’étranger venait pour poser des tapis neufs. Le nouveau locataire était évidemment d’un tempérament actif et énergique, car trois jours après son arrivée, la plaque de cuivre de la porte annonçait sa profession, en même temps qu’un cadre recouvert d’un verre et placé au niveau des yeux des passants, révélait par de nombreux témoignages l’habileté et la science du dentiste. Ce cadre instruisit et divertit à la fois les gamins du voisinage, qui ne revenaient pas de la blancheur des dents et du rouge vif des gencives ; ils firent même, à ce propos, les critiques les plus irrévérencieuses. Mais ce cadre en verre et cette plaque de cuivre étaient