Page:Braddon - Les Oiseaux de proie, 1874, tome I.djvu/71

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
67
LES OISEAUX DE PROIE

Ne pouvez-vous donc le faire pour moi ?… Ouvrez vous-même ces lettres, si vous voulez.

— Non, non, Halliday, je ne veux pas. Il y en a une qui porte le timbre de la compagnie d’assurances l’Alliance. Je présume que votre police d’assurance est bien en règle ? »

Halliday se souleva un instant sur le coude, comme s’il revenait à la vie ; mais presque aussitôt, en poussant un soupir, retomba sur les oreillers.

« Je n’en sais rien, dit-il anxieusement ; vous feriez mieux de vous en assurer, Philippe, dans l’intérêt de ma femme. L’on croit souvent tout en règle lorsqu’une police a été signée par les administrateurs, et souvent on oublie qu’il y a la prime à payer. Vous ferez bien d’ouvrir la lettre. Je n’ai jamais eu de mémoire pour les dates, et cette maladie me les a fait complètement sortir de la tête. »

Sheldon ouvrit donc l’imprimé que, dans sa bienveillance et ses préoccupations pour les intérêts de son ami, il avait si judicieusement examiné la veille. Il le lut avec l’apparence d’une grande attention.

« Vous avez raison, Tom ! Les vingt et un jours de grâce expirent aujourd’hui. Il n’y a pas un moment à perdre. Il faudrait signer tout de suite un chèque et je le ferai porter au bureau de la compagnie. Où est votre livre de chèques ?

— Dans la poche du paletot qui est pendu là. »

Philippe apporta à son ami le livre de chèques, le buvard de Georgy, et aussi le petit encrier ; puis, avec une souplesse presque féminine, il rangea les objets de la façon qui lui parut la plus commode pour écrire. Il soutint avec son bras le corps affaibli de Halliday, pendant que celui-ci écrivait lentement et péniblement le chè-